Ugolin

Qui suis-je ? Où suis-je ?

Au neuvième cercle, deuxième sous-sol

Valenciennes-Ugolin par Carpeaux

Merci et bravo à Chris Tineke et Le Véhicule pour leur participation et leurs bonnes réponses complémentaires ! Il fallait en effet retrouver l’Ugolin de Jean-Baptiste Carpeaux, accueillant le voyageur sur le parvis de la gare de Valenciennes.

En 1286, le comte Ugolino Della Gherardesca instaure à Pise un régime autoritaire. Son rival, l’archevêque Ruggeri, parvient à le faire enfermer dans une tour avec ses deux fils et ses deux petits-fils, condamnés à mourir de faim. Moins d’une semaine plus tard, seul le despote est encore en vie. Dans l’Enfer, premier cantiche de sa Divine Comédie, Dante place Ugolin dans la zone de la Trahison (« neuvième cercle »), précisément dans l’Antenora (« deuxième sous-sol ») où se trouvent les traîtres à la patrie. Au XXXIIIème chant, le poète relate sa rencontre aux Enfers, conduit par Virgile, avec le tyran. Le comte interrogé, raconte le châtiment qu'il a subi et l’issue funeste de cette captivité «[...] Et moi, déjà aveugle, de l’un à l’autre à tâtons j’allais ; trois jours je les appelai après qu’ils fussent morts… Puis, plus que la douleur, puissante fut la faim. Cela dit, il tourna les yeux, et renfonça les dents dans le crâne misérable, qu’il broya comme le chien broie les os. »Inspiré par ce XXXIIIème chant, Carpeaux réalise ce groupe sculpté de 1857 à 1861 visant à "exprimer les passions les plus violentes et y attacher la tendresse la plus délicate", comme il le précise dans une lettre à un ami. La sculpture de Carpeaux représente Ugolin au moment de la décision fatale qu’il doit prendre : le regard vide, le visage, les mains et les pieds crispés, le modelé nerveux du corps, et en particulier du dos, expriment la douleur et l’angoisse de l’instant crucial.