Logo Septentrion Tours

Septentrion Tours


Choix de la langue :

Accessibilité

 
 

Avec environ 1450 espèces végétales (contre environ 5000 répertoriées sur le territoire national), le Nord de la France peut être considéré comme assez pauvre botaniquement parlant. Pourtant, la flore des Hauts-de-France n’est pas sans intérêt ni originalité -à l’instar des ses habitants  !
Les milieux divers, souvent protégés, des Hauts-de-France permettent à la région d’accueillir plusieurs espèces rares et menacées : sur le littoral, dans les milieux humides, les forêts, les plaines… Voire sur les friches industrielles. Et le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais n’en est pas exclu.
Ainsi, sur nos chers terrils, témoins et symboles d’un passé industriel exacerbé, poussent des espèces assez surprenantes telles que le Pavot Cornu qui profite de la chaleur du site, ou encore l’Armérie de Haller qui se complait sur des sols riches en métaux lourds.


Mais c’est ici d’une adventice, au sens premier comme figuré, dont je souhaite vous parler. Elle est exotique, elle est invasive, elle est indésirable, et on la trouve sans difficulté sur la majorité des quelques 200 terrils qui signalent le bassin minier : le Sénéçon du Cap.

Un terril est un amas de roches stériles. Il est composé de tout ce qu’on a extrait des galeries de mine, et qui n’était pas du charbon : schistes, grès, et pour les plus anciens, lorsque le charbon était encore trié à la main, quelques gaillettes qu’il était coutume d’aller glaner. Les différents éléments chimiques amassés sur un terril réagissent naturellement pour entrer en combustion : le coeur d’un terril peut atteindre jusqu’à 600°C. La chaleur de ce tas de cailloux en fait un hôte de choix, qu’au fil du temps faune et flore sont venues occuper.
"A la longue, la nature reprend possession de leurs bosses chauves, prodiguant alors les semailles de graminées dans les creux, accrochant des racines d'arbres entre les pierres et sur la nudité brûlée des pentes, finissant par jeter le verdoiement d'une forêt toute vive qui se balance, ondule et flotte en longues chevelures dans l'immobilité vide et noire de la contrée." (Camille Lemonnier, Fleurs de Terrils, 1902.)

 

Le terril 122 de Leforest

 
 
Le Sénéçon du Cap est donc une adventice originaire d’Afrique du Sud qui a trouvé un milieu favorable à son implantation sur les arides pentes des terrils. C’est une plante vivace dont les nombreuses graines se disséminent facilement, par voie aérienne ou par intermédiaire humain (circulation routière, fauchage...), de là son caractère envahissant. On dit que cette herbacée est arrivée en (Hauts-de-)France dans la toison des moutons qu’on importait d’Afrique du Sud, notamment pour l’industrie lainière.
 

Sénéçon du Cap

Outre sa présence sur nos terrils, le Sénéçon du Cap est une plante rudérale qui s’installe sur les milieux que l’homme a transformés et délaissés : friches, tas de gravats, décombres… On peut peut-être la confondre avec d’autres espèces d’Astéracées, telle que sa cousine le Sénéçon de Jacob, qui lui pousse dans les prairies et pâturages, et dont la teneur en alcaloïde pose le problème de sa toxicité mortelle, notamment pour les chevaux ou bovins s’ils l’ingèrent. En plus du milieu dans lesquels ces plantes vivent, toutes deux se différencient par leur taille et par leurs feuilles : le Sénéçon du Cap est moyen (jusqu’à 80 cm) et possède des feuilles étroites et linéaires, tandis que celui de Jacob est haut (jusque 2 m ! ) et possède des feuilles fort divisées.


Sénéçon de Jacob